Ce que j’aime le plus en participant au Match de la Rentrée Littéraire de Priceminister, c’est de ne pas savoir à l’avance si je vais aimer ce que je vais lire, et d’avoir la jolie surprise de découvrir un écrivain, une plume, une histoire… L’an dernier, j’ai été déçue par mon choix. Cette année, j’ai dévoré le roman en quelques heures seulement.
Je ne connaissais pas du tout l’auteur, Pascal Manoukian, journaliste et écrivain, qui se sert de son travail de reporter en zones de conflits pour alimenter ses romans et qui le fait plutôt bien. Bizarrement, après avoir été au cinéma pour Nous 3 ou rien, je suis tombée sur une lecture qui parle de fuir un pays en guerre ou en ruine, au péril de sa vie, pour la sauver. Parfois, il n’y a pas de hasard…
Les Echoués, c’est donc l’histoire d’une multitude de personnages, Virgil, Chanchal, Assan et les autres, tous d’horizons différents mais avec un même objectif : fuir la misère, la peur et la mort pour recommencer une nouvelle vie dans cet ailleurs qui s’appelle la France. Une belle utopie puisqu’arrivés sur place, la vie comporte aussi son lot d’immondices. Ce livre, c’est l’image de la lutte de sans-papiers, des immigrés rendus apatrides pour pouvoir gagner leur croûte, se nourrir et retrouver leur famille saine et sauve, quitte à vivre dans un trou, quitte à risquer sa vie pour quelques euros en plus. Les coups de chance et les coups de grisou.
Ce roman parle aussi de tous ceux qui profitent de la misère de ceux qui fuient vers une nouvelle vie, les passeurs, les employeurs, les dénonceurs, qui rajoutent le poids de la honte et de l’argent sur leurs épaules. Mais il parle aussi de l’entraide, malgré les barrières de langues, de protocole, de culture et de religion, une religion à laquelle on arrive plus à croire quand on touche le fond. Des enfants qui donnent leur amour sans concession, peu importe qui tu es et d’où tu viens. Des liens forts qui se tissent entre tous ces échoués de la vie, qu’ils soient immigrés ou nés en France. Des sacrifices pour les gens qu’on aime et des gestes qu’on fait pour pouvoir se regarder dans une glace le lendemain matin.
Je vous conseille vivement de mettre ce livre entre vos mains. Il est souvent triste, parfois joyeux, mais toujours prenant car on se rend compte à travers les mots de l’auteur que cette misère-là, elle est derrière chez nous, caché par le périph ‘ ou une barre d’immeubles et que souvent, elle n’est pas choisie mais subie, à défaut d’autres choix.
Et qu’on a beaucoup de chance d’être à notre place, sans devoir la fuir.
Les Echoués de Pascal Manoukian, disponible sur Amazon, 18,90 euros
LBS sur les réseaux