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Ca n’arrive pas qu’aux autres

MamanetMoiPlageÇa fait très longtemps que je veux écrire sur ce sujet mais je n’arrivais jamais à savoir comment l’amener sans tomber dans le pathos, le larmoyant, la tragédie grecque. Ou la pitié.  De mémoire, il y a 4 ou 5 brouillons d’articles avortés dans les méandres du blog. Des mois que les mots tournent et brouillent dans la tête. Des semaines que j’ai envie de dire les choses, de coucher mes sentiments avec des mots, de vous parler de ce moment que j’ai souvent imaginé en me demandant comment j’allais m’en sortir si il se produisait un jour.

Il est arrivé et j’ai dû faire avec.

Il y a un an, après des examens de santé, ma mère nous annonçait un cancer. Un méchant cancer. Passé le choc, nous nous sommes tous battus, nous y avons cru, elle la première. On se rassurait les uns les autres, même les jours de moins bien. On faisait bonne figure pour continuer à partager tous ces bons moments qu’on avait vécu tous les 4 tout au long de notre vie. Et puis, un jour, le coup de téléphone qui fait basculer ta vie : « Viens. Vite. »

4 mois après le diagnostic, j’ai dû dire au revoir à celle qui m’a donné la vie et que j’aimais plus que tout en ce monde, qui a tout donné à ses 2 filles, même l’espoir alors qu’il n’y en avait plus. Je l’ai vue s’abandonner à la douleur. Je l’ai vue sans vie devant moi. J’ai dû choisir son cercueil. Je me suis effondrée. Pour mieux me relever.

Je ne vais pas mentir : ce fut la pire épreuve de toute ma vie, de celles qui font passer le reste pour de la rigolade. De celles qui donnent de la force. Face à mon miroir intérieur, je me suis vue changer, faire volte-face. Moi qui suis d’un naturel plutôt pessimiste, je me suis regardée prendre la vie à bras le corps. Faire abstraction du superficiel. Ne plus accorder d’importance à ce qui n’en a pas vraiment. Profiter des minuscules petites choses qui font de la vie un éclat de rire. Je me suis vue craquer aussi, ressentir le désespoir le plus profond m’envahir et puis me calmer, me consoler, aller chercher ce dont j’avais besoin pour me ressaisir.

Je me suis vue prendre soin de moi, toute seule, comme une grande.

Je deviens chaque jour une autre personne. Celle que je voulais tant être. Une qui a de la force, une qui rigole de tout, une qui a mille projets. Une qui s’aime telle qu’elle est et qui est capable de tout ou presque.

Je fais bonne figure, je recolle les morceaux, je me sers de cette perte pour me construire, parce que je n’ai pas le choix, parce que se recroqueviller dans un coin en hurlant ne changera rien au fait qu’elle n’est plus là.

Je tais les matins où je me réveille en larmes parce qu’elle était là sous mes yeux. Je mets sous silence les rayons de Noël qui me font serrer les dents dans les rayons de Carrefour. Je ne dis rien de mes enfants qui n’auront pas de grand-mère. Je ne nomme pas ces gens qui ont oublié d’être là quand on en a vraiment besoin.

Je ne dis rien. J’avance, un pied devant l’autre, avec un ange qui veille au grain.

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